Ce matin, en me réveillant, je n'avais qu'une seule envie, me rendormir. J'admets volontiers que rester sur mon ordinateur jusqu'à 2h du matin, n'était certainement pas la meilleure des idées que j'ai eu, surtout la veille de la rentrée. Enfin bon, bon gré mal gré, je me suis extraite de mon lit pour filer sous ma douche. L'eau tiède m'aide à réveiller en douceur. Après m'être enveloppée dans une serviette, je vais devant le miroir pour me maquiller un peu puis une fois que je me juge présentable, je m'habille avec un jean délavé et savamment troué auquel j'assortis un petit top noir que j'adore avant de rejoindre ma famille pour le petit déjeuné.

En arrivant devant l'université, une boule se forme dans mon estomac. Malgré ça, j'avance tranquillement jusqu'au hall puis je cherche mon casier pour y entreposer mes affaires. Sur le trajet jusqu'à mon casier, j'ai aperçu plusieurs amis de John Johnson, le garçon qui a disparu le soir du bal de promo et inconsciemment, à chaque fois je changeais de direction pour ne pas les croiser et lire dans leur regard la douleur qu'à provoqué le départ de leur ami.
Je sais que c'est idiot ce que je fais mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est un réflexe que j'ai acquis depuis quelques mois et je n'arrive pas à m'en défaire. Pourtant, il le faudrait car ce comportement pourrait indiquer que je sais ce qu'il s'est passé. Heureusement pour moi, j'étais déjà méfiante avant alors l'être un peu plus ou un peu moins, quelle différence ça fait ?
J'étais presque arrivée à mon casier quand j'heurta quelqu'un. Mes livres s'étant éparpillés sur le sol, je me baisse pour les ramasser tout en m'excusant auprès de la personne heurtée.

Désolée, je ne regardais pas où je mettais les pieds.

J’avais appréhendé cette rentrée pendant tout l’été. Comment allaient réagir les amis de John ? Et mes amis à moi ? Je n’avais eu aucune nouvelle des vacances. Je n’avais revu aucune des neuf personnes qui étaient avec moi le jour de l’accident depuis le soir du bal de promo, mis à part Lauren, qui m’avait dit que notre relation était finie. La veille du jour J, j’avais eu des problèmes à m’endormir, toute ma culpabilité pesant sur moi.

Puis ce jour était arrivé. Je me suis levé ce matin là en ne rêvant que de retourner vite fait bien fait dans mon lit, ce qui était évidemment impossible. Je commençais des études de droit, j’étais sur de ce que je voulais faire, enfin. Après avoir été sous la douche, ce qui m’avait quelque peu remis d’aplomb, j’enfilais une chemise et un jean, on ne peut plus basique. Quelques minutes plus tard, après un rapide petit déjeuner rapide, j’attrapais mon sac et mes clés avant de sortir de l’appartement.

J’habitais depuis la rentrée un appart’ à quelques minutes du campus où j’étais très bien. J’avais mis des annonces pour trouver un colocataire, ayant un peu du mal à vivre seul ces derniers temps. Je partis donc pour l’université. J’étais pressé de retrouver Kaley, ma petite amie. Je l’avais vu la veille mais elle me manquait déjà, et je ne me sentais pas de passer cette journée sans elle. Kaley n’était pas au courant de l’histoire du bus, et j’avais extrêmement de mal à tenir ma langue. Je savais que ce serait une bêtise de le lui dire, mais j’en mourais d’envie, ne supportant pas de garder un aussi lourd secret pour moi.

En arrivant, j’avais l’impression que tout le monde savait. Que les gens me regardaient comme un assassin, ce que j’étais plus ou moins, même si je n’étais pas au volant mais au fond du bus avec Lauren au moment de l’accident. Lorsque je passais devant Elisha Swann, avec ses amies de l’équipe de pom pom girls, je devins si rouge qu’il était à peu près impossible de ne pas le remarquer. Plongé dans mes pensées, je me heurtais à quelqu’un qui laissa tomber tous ses livres.

« C’est pas grave, t’inquiète »

Je l’aidais à ramasser ses livres avant de me rendre compte de la personne à laquelle je parlais.

« Ah, salut Savy ! Tu as passé de bonnes vacances ? »

La voix de la personne que j'avais percuté se fit entendre. Cette voix, je la connaissais très bien et pour cause, cette personne était un ami. Peut-être qu'il ne l'est plus, il faut dire qu'Andy évitait pas mal de monde depuis sa rupture avec Lauren peu après l'accident de bus.
Après avoir ramassé tous mes livres avec l'aide d'Andy qui sembla se rendre compte de qui venait lui foncer dedans, je me redressa et fit face à lui. Un sourire gêné se dessina sur mes lèvres. Lui ne sembla pas plus à l'aise que moi non plus. Il faut dire qu'on avait vécu la plus dure des épreuves ensemble en cette fameuse nuit du bal de promo et cette épreuve nous liait tous les uns aux autres jusqu'à la mort. C'est simple, si l'un de nous parlait, on plongerait tous.
Poliment, il me salua et me demanda si mes vacances c'était bien passées. Comment lui dire que j'avais préféré me plonger dans le travail plutôt que d'affronter l'horreur ? C'est seulement après une petite minute de silence pesant que je lui répondis.

Salut Andy. J'ai passé mes vacances à travailler sur le site du garage de mon père et de ton coté, comment se sont passées tes vacances ?

J'évitais de trop le regarder et il en faisait autant. Il faut dire que chacun revoyait en l'autre ce fameux soir du bal de promo. Ce bal qui devait être la plus belle soirée de notre vie et qui a fini en cauchemar. C'était assez déroutant pour moi et j'imaginais très bien que se soit la même chose pour lui. Après tout, contrairement aux autres, je n'avais pas eu de nouvelles de lui, tout comme pour Craig mais là, c'était différent je suppose. Bref, on peut dire que les retrouvailles avec Andy était bizarre surtout qu'il y a quelques mois encore, on était assez proche.

Me retrouver face à Savannah, que je n’avais pas vu de l’été le premier jour de l’année était loin d’être la chose dont Andy aurait rêvé. Savy avait été une de ses très bonnes amies, et il l’adorait, mais la voir lui faisait penser à ce fameux soir du bal de promo, ce jour où nos vies avaient basculées ensemble. Je revis d’un coup le bus freiner brusquement, Savannah criant, Craig totalement affolé et voulant appelé la police. Tant de souvenirs que j’aurais évidemment préférer oublier. En fait, j’aurais préféré être quelqu’un d’autre, n’importe qui dans cette université qui ne soit pas infesté par ce souvenir. Nous étions donc face à face, je ne lui avais pas parlé depuis deux mois et nous étions évidemment tous les deux assez gênés. Après une minute de silence, elle me répondit.

« Salut Andy. J'ai passé mes vacances à travailler sur le site du garage de mon père et de ton coté, comment se sont passées tes vacances ? »

Je m’efforçais de lui faire un petit sourire, crispé le sourire, mais je ne pouvais pas vraiment faire mieux vu les circonstances.

« Bah écoute supers ! Je suis resté à Wilimington, j’ai vu quelques amis j’ai joué au basket,… Rien de bien exceptionnel comme tu peux le voir ».

J’évitais de la regarder. Savait-elle pour moi et Kaley ? Savait elle que deux semaines après Lauren j’avais déjà une petite amie ? Savait-elle que j’étais tombé amoureux ? Je ne l’espérais pas, et je n’étais d’ailleurs pas pressé que Lauren ne l’apprenne. Malgré mon amour mon Kaley, je n’avais pas oublié Lauren loin de là, elle resterait toujours mon premier amour.

Andy était aussi gêné que moi ce que je comprenais parfaitement. Après tout, notre secret était très lourd à porter, surtout que j'avais entendu dire au garage que le frère de John était en ville et je ne savais pas du tout si les autres étaient au courant et je ne voulais surtout pas aborder la question maintenant, ça nous ferait devenir trop parano et on l'était déjà assez comme ça à se demander si quelqu'un allait découvrir la vérité sur la mort de John ou si tout bêtement l'un de nous allait en parler.
Andy me répondit qu'il n'avait rien fait d'exceptionnel pendant les vacances. Je crois que peux de monde, à part surement Lauren puisqu'elle a fuit en Europe pendant les 5 derniers mois, n'a rien fait d'exceptionnel pendant les vacances.

Au moins, tu as profité de tes vacances pour voir du monde, c'est cool.

Du monde passait à coté de nous mais heureusement, ce n'était pas des personnes qu'on connaissait spécialement et qui savait qu'Andy et moi avions été très proche car faisant parti de la même bande d'amis. Le semblant de bonne entente qu'on montrait permettait de sauver les apparences et donc de protéger le secret, ce qui de mon point de vue était l'essentiel car si jamais je devait tomber pour la mort de John, je ne comptais pas être la seule et tant pis si suite à ça je devais perdre le peu d'ami qu'il me reste.